• Chapitre 6: Une histoire d’héritage [Partie 3]

    La lumière du jour avait décliné depuis des heures déjà. Au milieu d’une montagne de paperasse se trouvait Jeanne, avachie sur le sol, passant de la lecture d’une feuille à une autre. Sa seule source de lumière : sa lampe à gaz posée sur le bureau juste à côté. Voilà bien 3h qu’elle cherchait désespérément ces papiers mais malheureusement elle n’avait encore pas vu une seule fois le mot « héritage » dans les centaines de feuilles qu’elle avait parcourues. George n’était pas revenu depuis que Madame Duchamps l’avait appelé, sûrement qu’elle devait occuper tout son temps et toute son attention avec ses requêtes. Alors elle se débrouillait seule. Mais la fatigue, la faim, la douleur qu’elle ressentait de nouveau dans ses blessures faute d’antalgiques, la plongeaient de plus en plus dans une sorte de transe insupportable et fiévreuse. Elle se sentait partir, elle sentait chaque muscle de son corps geindre face à la position qu’elle tenait depuis maintenant un bout de temps. Elle avait fait la moitié des étagères longeant le mur de droite, soit le quart de la totalité du travail. Après la lecture d’un énième mot incompréhensible, l’enfant s’écroula sur la paperasse recouvrant le sol devant elle. Sur le point de s’évanouir de fatigue, elle fut cependant réanimée un bref instant par des bruits de pas. Elle releva à peine la tête, juste suffisamment pour apercevoir les chaussures cirées de George déambuler dans la pièce. Elle sentit ses bras l’entourer et la porter jusqu’à la chaise de bureau. Il l’installa délicatement dessus et la recouvrit d’une fine couverture. Ce fut suffisant pour Jeanne, à peine placée confortablement et au chaud, elle tomba dans les bras de Morphée.

     

    Ce fut seulement des heures plus tard qu’elle fut réveillée tout en douceur. Secouée légèrement par une poigne maternelle et douce, on lui susurrait son prénom. Elle ouvrit délicatement les yeux et vit les traits vieillis de George. Il avait l’air anxieux et pressé.

    « -Ma petite maîtresse, relevez-vous, nous devons partir maintenant ! »

    Elle plissa les yeux avant de se les frotter et tenta de se redresser de son fauteuil. L’ensemble de sa colonne vertébrale craqua et elle grimaça en ressentant de nouveau la douleur de son bras gauche et de son flanc qui étaient restés appuyés contre l’accoudoir malgré sa blessure.  Enfin assise correctement, elle déglutit, elle avait la bouche pâteuse.

    « -Que se passe-t-il, George ?

    -J’ai trouvé les papiers de l’héritage, il faut se dépêcher si tu ne veux pas retourner avec ta tutrice. Si nous nous débrouillons bien on ne devrait pas la réveiller en sortant.

    -Mais je ne peux pas, elle a toujours l’anneau de Maman ! »

    Il mit sa main dans sa poche et y rechercha quelque chose. Du bout de ses gants blancs, il sortit la chaîne contenant l’alliance de sa mère. Le visage de Jeanne s’illumina d’un sourire sincèrement reconnaissant.

    « -La bague de Maman ! Oh, merci George ! Mais comment l’as-tu récupérée ?


    -Cette femme s’est finalement endormie hier soir dans un fauteuil après avoir rassemblé la plupart des objets de valeur de cette maison. Il ne m’a pas fallu beaucoup de chance pour réussir à la lui prendre, elle l’avait posée sur une commode. Même toi tu aurais pu la récupérer.

    (Il lui tendit l’anneau qu’elle prit tendrement entre ses mains.)

    -Et tu l’as réparée en plus ? Merci, merci ! Le remercia-t-elle de tout son cœur en accrochant le collier autour de son cou.

    -J’ai juste changé la chaîne, ce n’était rien. Aller, nous devons partir vite avant qu’elle ne se réveille. As-tu une valise de prête ?

    -Oui, dans ma chambre sous mon lit, viens ! »

    Elle lui prit la main et l’entraina deux couloirs plus loin jusqu’à sa chambre. Ils s’activèrent à refermer la valise, Jeanne tourna un moment en rond, un peu hésitante. Elle ne savait pas si elle avait oublié quelque chose et hésitait à chaque fois qu’elle voyait des objets à elle à les prendre. Elle se jeta finalement sur son Rabbit tandis que George portait son bagage d’une poigne assurée. Ils se dirigèrent vers les escaliers en silence, évitant le plus possible de faire du bruit. Chaque pas devait être d’une légèreté sans pareille s’ils ne voulaient pas être découverts en train de filer en douce. Le cœur de l’enfant battait fort, elle était à la fois excitée et terrifiée. Ils arrivèrent finalement devant la porte d’entrée, la dernière étape avant la liberté. Jeanne prit la poignée entre sa main valide et la tourna discrètement. Elle ouvrit la porte, priant pour qu’aucun grincement ne vienne déranger le sommeil paisible de sa tutrice qui se trouvait certainement dans le salon du fond. Elle l’entrouvrit et laissa passer en premier son majordome par politesse. Il hocha la tête en signe de remerciement, cala de nouveau la valise qui glissait de ses bras et sortit. Quelle ne fut pas la surprise de l’enfant lorsqu’une masse s’abattit contre la nuque de George juste à l’instant où il avait passé le pas de la porte. Le majordome eut juste le temps de laisser échapper un cri étouffé avant de s’écrouler face contre le marbre blanc de dehors. Jeanne hurla. Du sang s’écoulait à l’endroit où il avait été frappé et il ne bougeait plus. Elle lâcha son lapin et se jeta contre son corps immobile en paniquant, des sanglots dans la voix. Devant elle, une ombre se tenait droite et menaçante. Elle releva la tête et vit un homme qu’elle ne connaissait pas. Son regard était sombre, froid, presque mort. Aucune émotion ne se dégageait de son visage, comme si tout cela n’avait aucun sens et qu’il s’en fichait. Elle n’eut pas le temps de lui dire quoique ce soit qu’il brandit de nouveau son arme, une sorte de matraque en fer, et l’écrasa contre la tête de Jeanne sans ménagement. Elle s’effondra sur le corps de George, inconsciente.

     

    Du brouhaha résonnait dans la pièce, réveillant Jeanne. Sa tête tambourinait et des flashs blancs se répercutaient contre ses paupières closes. Elle pouvait sentir une odeur métallique provenant de son cou. Du sang, son sang. Il avait coulé depuis l’arrière de son crâne jusqu’à son cou et collait sa peau et ses cheveux. Elle était couchée sur un sol froid, certainement celui de son salon, elle reconnaissait la couleur. Elle entendait la voix de sa tutrice, elle était en colère. Elle pouvait sentir sa rage grandissante au fur et à mesure qu’elle parlait. L’autre voix, platonique, elle ne la connaissait pas.

    « -Et alors cette femme m’a prise en privé dans son bureau tout à l’heure.

    -La directrice de la banque ?

    -Oui, je lui ai passé les papiers qu’elle me demandait et elle s’est mise à rigoler.

    -Pourquoi ?

    -Elle m’a gentiment dit que ce n’était pas aujourd’hui que je dépouillerais cette gamine et que même si j’essayais de la tuer, rien n’y changerait, je n’obtiendrais rien, s’énerva-t-elle en l’imitant.

    -Comment ça ? Qu’est ce qui est dit dans l’héritage ?

    -L’enfant touchera l’argent à ses 18 ans et pourra le céder à quiconque seulement à ce moment-là, en cas de décès de l’enfant avant sa majorité, l’argent se verra attribué à la compagnie Hayange qui est aujourd’hui gérée par son ancien sous-directeur.

    -Attends, tu es en train de me dire qu’on va devoir se coltiner cette gamine jusqu’à sa majorité ?! S’exaspéra l’homme.

    -Exactement. Je ne vois pas d’autre option possible si on veut toucher cet argent… Mais ce n’est pas vraiment ce qui m’a mise en colère, c’est cette femme ! En me voyant m’énerver et la menacer, elle n’a pas hésité à m’interdire de revenir dans la banque. De plus, elle s’est permise de m’humilier en public, de me faire jeter dehors ! Je ne lui pardonnerai pas. JAMAIS ! Hurla-t-elle en envoyant valser quelque chose qui se brisa en mille morceaux sur le sol.

    -Bon, et que fait-on de ces deux-là maintenant? Demanda l’homme.

    -Pour la fille, elle vient avec nous. L’autre… »

    Elle devait parler de George, pensa l’enfant… Allait-il bien ? Jeanne se redressa avec difficulté, prenant appui sur son bras valide. Elle tremblait. Son mouvement attira l’attention des deux personnes en pleine conversation car ils se retournèrent et la regardèrent. Sa tutrice était rouge écrevisse, comme à chacun de ses emportements, ses veines avaient refait leur apparition contre sa peau et ses yeux étaient sillonnés de vaisseaux sanguins près à éclater. L’autre personne était l’homme qui lui avait martelé l’arrière de la tête, il était toujours aussi stoïque, quoiqu’elle pût apercevoir une légère irritation dans son regard, certainement dûe à l’énervement de sa tutrice. Il était plutôt grand, mais ce n’était pas sa taille qui gênait le plus Jeanne, c’était son aura. Son regard plongé sur elle lui provoquait un important malaise, de nombreux frissons l’envahissaient, elle savait, rien qu’en le regardant, qu’il était dangereux et imprévisible (et puis à la bosse qu’elle avait derrière le crâne aussi). Elle se mit à trembler de plus en plus fort jusqu’à ce qu’elle entende un léger grognement derrière elle. Elle se retourna et vit George attaché à une chaise. Il avait l’air fortement amoché à en juger à la tête qu’il faisait, ses sourcils étaient froncés, ses rides plus creusées et sa bouche grimaçait de douleur. Jeanne ne comprenait pas la raison de son ligotage. Etait-ce vraiment nécessaire ? Ils avaient seulement tenté de s’enfuir, et s’ils avaient eu un tant soit peu de bon sens, c’était elle qu’ils auraient dû attacher. Elle ravala ses pensées lorsqu’elle vit ses chevilles reliées par une corde. Oui, évidemment, c’était trop simple autrement. D’un autre côté, elle les remerciait d’avoir pensé à ne pas lier ses poignets, s’ils l’avaient fait, elle aurait certainement souffert le martyr à chaque fois qu’elle aurait voulu bouger le droit, cela aurait ravivé la douleur de son bras gauche (mais bien évidemment, elle n’oubliait pas le coup derrière sa tête, elle n’allait pas les bénir non plus…).  Son majordome ouvrit avec difficulté les yeux et la vit à quelques centimètres de lui.

    « -Jeanne, tout va bien ?!

    -Je…J’ai mal et je n’arrive pas à bouger mes jambes, paniqua l’enfant. »

    Il tenta à son tour de bouger mais n’arriva à rien, il était bien accroché. Ses mains étaient liées à l’arrière de la chaise et ses jambes aux deux pieds du fauteuil. Il releva la tête en direction de ses agresseurs et les foudroya du regard.

    « -Que nous voulez-vous ?! »

    Les responsables de leur état se turent et les observèrent un moment. L’homme allait s’approcher mais la tutrice de Jeanne fut plus rapide et surtout plus en colère, elle se posta juste devant le vieil homme et lui hurla dessus.

    « -Vous croyiez que j’allais me laisser avoir par un vulgaire serviteur comme vous ?! Vous avez essayé de vous enfuir avec l’argent et l’enfant, avouez, vous aussi vous êtes restés pour cet héritage !

    -Hein ? Bien sûr que non, j’emmenais Jeanne loin de vous, c’est tout. Je n’ai aucune idée de pourquoi on vous a donné la garde de la petite mais en tout cas je m’y oppose. Vous êtes incapables de vous en occuper. Et puis, je croyais que vous n’aviez plus le droit de remettre les pieds ici !

    -Je me disais bien que votre tête me disait quelque chose, évidemment, j’ai été sotte, vous étiez déjà au service de Charles quand c’est arrivé.

    -C’est à cause de vous si la famille Wandel s’est retrouvée au plus profond du gouffre et qu’il ne restait plus qu’elle et ses parents ! Vous avez plongé la famille entière dans un cercle vicieux auquel la seule issue était la mort. Vous êtes la raison de tous les malheurs des Wandel ! Vous ne devriez même pas approcher Jeanne, vous n’êtes qu’un monstre cupide à l’esprit mercantile, vous n’avez pas changé en 10 ans, cracha-t-il d’une traite.

    -Et c’est un serviteur de votre envergure qui OSE me dire ça ?! Beugla-t-elle en donnant un coup de pied dans la chaise sur laquelle George était ligoté, le faisant valser par terre. Sachez, Monsieur, que je suis la victime dans cette affaire, s’ils avaient accepté un tant soit peu à l’époque de m’aider lorsque j’en avais besoin, je n’aurais pas eu à recourir aux extrêmes ! Blâmer plutôt leur avarice, c’est à cause d’elle qu’ils sont tous 6 pieds sous terre.

    -George ! Hurla l’enfant en le voyant s’écrouler sur le sol dans un bruit sourd.

    -Bon, chérie, je ne veux pas paraître grossier mais j’ai des rendez-vous cet après-midi. Peut-on terminer ce qu’on a commencé et partir ? J’aimerai bien passer à la maison avant de retourner travailler, la coupa l’homme resté en arrière-plan pendant toute la dispute. »

    Madame Duchamps passa sa main dans son chignon pour remettre les quelques mèches qui s’étaient enfuies dedans et décrispa ses muscles contractés à cause de sa colère. Elle le regarda et hocha la tête en signe de consentement. Elle recula et laissa place à son (apparemment) amant. Il redressa la chaise sur laquelle le majordome était assis et s’activa dans une mise en scène plus qu’étrange. Jeanne le voyait poser une boite d’allumettes au pied de son siège. Il l’ouvrit, craqua une des allumettes et l’éteignit sur le champ, la posant juste à côté du pied de chaise avant de reprendre la boite. Il demanda ensuite à la grosse femme de lui apporter une lampe à gaz, ce qu’elle fit. D’un geste brusque mais adroit, il la brisa sur le sol et laissa s’échapper l’alcool qui se trouvait à l’intérieur, faisant bien en sorte que ce liquide enduise à la fois les pieds de la chaise et le tapis, jusqu’aux étagères pleines de livres. Ainsi fait, il se frotta les mains et observa son œuvre avec une expression satisfaite.

    « -As-tu bien fait la même chose dans les autres pièces de la baraque ? Demanda l’agresseur à l’attention de la responsable de l’enfant.

    -Oui, dans les plus grandes en tout cas.

    -Et la valise de la gamine ?

    -Dans la calèche, elle nous attend, comme le cocher. J’ai d’ailleurs fait livrer au passage des affaires de valeur que j’ai trouvé par-ci par-là à la maison. Nous les retrouverons en rentrant.

    -Bien, je pense qu’on peut donc y aller. Aller, viens là toi, dit-il en prenant Jeanne sous son bras comme un vulgaire sac à patates et en se dirigeant vers la sortie avec la tutrice.

    -Non ! Laissez-moi ! George, à l’aide ! George ! S’égosilla l’enfant en gigotant de plus belle et en frappant de son petit poing le dos de l’homme.

    -Jeanne ! Lâchez-là, bon dieu ! Hurla le majordome toujours attaché à la chaise.

    -Vous ne devriez pas jurer ainsi monsieur, l’heure de votre jugement est plus proche que vous ne le pensez, déclara l’homme telle une condamnation. »

    Et tout en achevant sa phrase, il gratta une allumette contre la boite, balança la boite vers les pieds du siège où se trouvait George et lança l’allumette enflammée contre le sillon d’alcool. Il tourna les talons, heureux de son travail et commença à se diriger vers la porte d’entrée. Jeanne, portée à l’envers par l’homme, eut toute la possibilité de voir la scène avant qu’ils ne sortent de la pièce. En un instant le sillon prit feu, les flammes se propagèrent à une vitesse incroyable là où l’alcool se trouvait, embrasant les meubles, les tapis, et surtout la chaise et le bas de pantalon du majordome. Dans un cri de terreur, le vieil homme resté dans le salon s’agita, tenta d’éteindre le feu avec ses chaussures mais rien n’y faisait, il se propageait le long des pieds en bois de la chaise. En peu de temps, l’homme prit feu entièrement, laissant échapper des hurlements dignes d’outre-tombe. Jeanne en voyant cela glapit de terreur, elle criait en pleurant le nom de George qui n’arrivait plus à lui répondre, trop obnubilé par la douleur. Les yeux révulsés, l’enfant sentit son estomac se retourner en sentant l’odeur de la chair brûlée alors que son agresseur sortait maintenant de la maison. Elle put voir une dernière fois son ami, affalé par terre, convulsant sous la chaleur torride des flammes avec en arrière-plan l’ensemble de la pièce qui brûlait. Sortie, elle ne bougeait plus, ne s’agitait plus, trop choquée tandis que l’homme rejoignait d’un pas détendu Madame Duchamps qui se trouvait vers l’auto. Une violente acidité remontait le long de la gorge de Jeanne au fur et à mesure qu’elle voyait sa maison prendre feu. Elle pouvait encore revoir le corps calciné de George, l’imaginer se tenir debout derrière une fenêtre de la maison tel une mauvaise histoire horrifiante. Ce fut trop pour l’enfant qui, alors qu’elle retenait tant bien que mal le tsunami de son ventre, vomit le long du dos de l’homme qui la portait. Il s’arrêta en entendant le bruit de crachat de l’enfant, pétrifié. Madame Duchamps retint son souffle en voyant cela. L’homme lâcha instantanément Jeanne qui s’écrasa dans un bruit sourd dans les gravillons de l’allée. Elle tremblait, crachotait et pleurait en même temps. Son agresseur se retourna pour observer les dégâts sur son smoking et poussa un juron. Furieux, il attrapa les cheveux de la petite pour lui faire redresser la tête et lui cria dessus.

    « -Bordel, tu te rends compte de ce que tu viens de faire ?! Un smoking tout neuf, putain ! »

    Et tout en lui hurlant cela il la gifla de toutes ses forces. La tête de la petite valsa sur le côté et percuta violemment les cailloux. Il ne prit pas la peine de savoir si elle n’était pas morte sous le coup, il continuait de s’énerver en montrant l’étendue des dommages à Mme Duchamps qui tentait de le calmer comme elle pouvait. Apparemment son smoking était bien plus important que le crime qu’il venait de commettre. Quant à Jeanne, sa tête bourdonnait, elle voyait le second étage de sa maison brûler de là où elle était. Des étoiles apparurent devant ses yeux, dansant avec les flammes. Et dans un ballet morbide, elles entrainèrent l’enfant dans un sommeil agité et douloureux.


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