• [Nouvelle] La malédiction de la déesse

    La jeune femme était là. Derrière l’une de ces colonnes en pierre de 3 mètres de haut, ces poutres célèbres pour leur rôle de représentantes de l’Olympe, elle était entourée de jeunes filles. Elle riait avec elles, et parfois ses mouvements tellement gracieux faisaient rougir d’admiration les demoiselles.  Malgré sa gaité, Elle ne parlait pas, elle n’était pourtant pas muette, se contentant juste d’écouter, de rire, et de sourire. Sa longue robe blanche en tissu fin montrait son caractère peu extraverti et égoïste grâce à sa simplicité déconcertante. Nonobstant la normalité  inattendue de la déesse, elle ne pouvait pas passer inaperçue, même vêtue ainsi. Tout lui allait, et sa beauté parfaite et son calme ne pouvait que lui rajouter du charisme. Mais sous ses airs enjoués et tendres se cache un triste secret. Cette divinité est depuis la naissance conquise par une malédiction. Cette fatalité ne s’appliquera que si la jeune princesse en cage n’atteint pas sa majorité (le moment le plus important pour une déesse, la date ou l’immortalité vous est accordée) et si je l’approche avant son enfance délaissée. Car moi aussi je suis un dieu, mais lors d’un périple à la recherche de richesses et de femmes lorsque j’étais jeune, je fus touchée par un maléfice, un bracelet pourtant « divin », emplis d’un mal démoniaque, ne lâche plus mon bras droit. Et ce n’est qu’en me renseignant sur cet objet et sur le moyen de retrouver ma liberté que j’ai appris son étrange pouvoir. À ce moment, je ne pensais pas qu’il me briserait plus tard, mais maintenant, je suis déchiré entre deux désirs, celui de sauver ma dulcinée, cette divinité envoutante discrète en restant loin d’elle, et de la serrer contre moi, d’en faire ma femme. Mais la première option reste la plus importante à mes yeux, même si le pouvoir de ma parure ne fait qu’accroitre mon désir brulant enfouis. Elle me susurre à l’oreille de la finir, qu’elle n’attend que moi, mais sa voix à la fois sinistre et ensorcelante ne s’est encore jamais emparée de moi, et ma lutte acharnée est, à ces jours, ma plus grande fierté. Je l’observe donc de loin, le cœur déchiré par tant de retenu. Depuis l’autre bout de la pièce, adossé contre le muret de lierres, je la regardais discrètement. Contrairement à elle, je n’étais pas un dieu très fréquentable, mes amis se comptaient sur les doigts d’une main, et la plupart des autres dieux m’évitaient. J’avais toujours eu une aura plutôt noire selon eux, certainement à cause de ma mauvaise manie de froncer constamment les sourcils et d’avoir des moments de blancs et des sourires machiavéliques lorsque la malédiction me prenait.