• Mary-Sue marchait depuis ce qu’il semblait être des heures qu’elle n’était pas fatiguée. Elle arpentait le sol rocheux de sa démarche souple et dansante, ondoyant son petit postérieur dénué de toute cellulite. Soudain, elle se figea. Elle venait de voir, grâce à sa vision digne du Peuple Elfique, un village aborigène, à quelques centaines de mètres. May passa sa main fine et gracieuse dans ses cheveux soyeux, aussi sombres que son âme, et fit une moue adorable. Elle venait de décider de faire connaissance des inoffensifs indigènes potentiellement cannibales et sans nul doute armés jusqu’aux dents, qui reconnaitraient en elle leur sublime déesse. Ah oui, vous avait-on dit que Mary-Sue était de la famille de Percy Jackson ?

    Bien entendu, la compréhension entre les sauvages et la mi-princesse-mi-déesse-mi-ninja-du-village-de-Konoha-mi-pirate-de-GrandLine-mi-sorcière-mi-elfe-mi-sirène se ferait sans peine, car May parlait couramment une soixantaine de langues et en comprenait bien deux mille autres. Dumbledore, Gandalf, Saruman, Maître Duom, Loki, Wellan et Oromis pouvaient aller se rhabiller.

    Donc, la splendide jeune femme, ayant décidé d’aller à la rencontre des autochtones, se remit en marche. Elle arriva quelques minutes plus tard aux huttes ; les membres de la tribu dansaient et psalmodiaient autour d’un feu de joie. Lorsqu’elle fit son apparition, les aborigènes s’arrêtèrent et s’en fut un grand silence. Mary-Sue eut un sourire indulgent. Qui n’aurait pas cette réaction face à ma beauté fantasmagorique ? Puis tous les indigènes se jetèrent sur elle en hurlant.

     

     

    C’est connu, l’adversité rapproche. En l’occurrence, ce fut deux anciens adversaires, rapprochés par un catapultage dans un coin paumé, la perte de leurs pouvoirs et deux tarées adeptes du harcèlement sexuel, qui se sentirent soudain très, très proches. Les deux folles n’avaient pas arrêté leur danse de la joie en se donnant de grandes claques dans le dos et en gloussant.

    Pitch Black et Jack Frost échangèrent un regard de connivence. On bat en retraite ? Ils eurent le même hochement de tête et commencèrent lentement à reculer. Hélas, cela ne passa pas inaperçu aux yeux des deux filles.

    « - Eh ! Z’allez où comme ça ? Partez pas déjà ! » La blonde venait de parler. A côté d’elle, son amie eut un petit sourire narquois.

    « - De toute manière, ce n’est pas comme s’ils pouvaient se débrouiller sans nous. » Les deux légendes se redressèrent, piquées au vif.

    « - Et pourquoi ça, très chère ? 

    - Bah vous êtes sur notre île !

    La blonde tressauta et les deux hommes se regardèrent, interloqués. Elle ouvrit la bouche mais sa camarade lui écrasa les orteils sans pitié. Heureusement, Jack et Pitch n’avaient rien vu. Ils reportèrent leur regard sur les filles.

    « - Votre île ? »

    La miss aux cheveux roses fit une moue ennuyée et haussa les épaules, gênée.

    «  -Enfin, pas exactement notre île mais… Ben, on vit ici, quoi. » Sur ce, elle se mit à siffloter. Son amie se massait le pied en la fusillant du regard –ce que les légendes ne comprirent pas- tandis que ces dernières affichaient un air plus que sceptique. La plus loquace s’avança vers eux (ce qui les fit reculer) et tendit la main, un grand sourire aux lèvres.

    « - Enchantée ! Je suis Ali… Tamalice, et ma pote, c’est… Mayumi, mais vous pouvez nous appeler Mayu et Tama. 

    - On se contentera de Tamalice et Mayumi, merci.

    - Ouais, les surnoms, c’est trop proches. » Le tout ponctué de deux affreuses grimaces. Tamalice, fine diplomate, ne tilta pas, mais Mayu leur tira la langue et dû se retenir de leur apprendre les bonnes manières. La demoiselle reprit, sur le ton de la pluie et du beau temps :

    « - Donc, comme ça, vous êtes en vacances ? »

    Tous la regardèrent, et les hommes eurent l’air révolté.

    « - On est pas en vacances !

    - Pas de vacances pour la peur !

    - On a été catapulté ici contre notre gré !

    - Sans la moindre explication !

    - Privés de nos amis !

    -Privés de nos cauchemars !

    - Et surtout… »

    Ils achevèrent d’une seule voix :

    « - Privés de nos pouvoirs !! »

    Tamalice fit mine de digérer l’information et fit, contrite :

    « - C’est fâcheux. » Elle se tourna vers son amie.

    « - Très fâcheux. Peut-être pourrions-nous aider ces deux éphèbes sans ressources ? »

    Une lueur d’espoir s’alluma dans l’œil de Jack et il s’exclama, ravi :

    « - Vous pourriez faire ça ?! » Pitch faillit se faire un facepalm à la vue de la naïveté du jeune.

    « - Bien entendu ! Déjà, nous allons vous aider à sortir de cette jungle, puis, euh… Retour à la civilisation ! Maaaagique ! » Elle accompagna sa tirade d’un sourire charlatan. Le Croquemitaine fut amusé, même s’il ne l’aimait pas. Manipulatrice comme pas deux. Elle lui rappelait Loki, tiens.

    A côté d’elle, Mayu comprit enfin son cirque, mais préféra la laisser fabuler seule. Elle, avait le don de la comédie, pas du mensonge. Elle risquait de se prendre les pieds dans ses duperies et de les trahir toutes les deux. Pitch décida de jouer le jeu ; après tout, qu’avait-il à perdre ?

    « - Donc, nous en sommes réduit à mettre nos vies entre vos mains. A présent, il serait temps de justifier les espoirs que nous vous confions, non ?

    - Yep ! Suivez le guide ! » Sur ce, elle tourna les talons, non sans avoir gratifié le Maître de la peur d’un regard admiratif, et avança vers la végétation dense et luxuriante. Les Légendes lui emboitèrent le pas, suivies de Mayumi, dévorant des yeux le fessier rebondi de Jack.

     

     

    Mary-Sue fulminait. COMMENT pouvait-on la traiter ainsi, elle, jumelle cachée d’Harry Potter, demi-sœur d’Ace aux poings ardents, confidente d’Eragon, fille d’Elrond, cousine de Percy Jackson, amante de Legolas, nièce de Sherlock Holmes, psy de Voldemort, COMMENT ?! Des têtes allaient tomber !

    Enfin, des têtes allaient tomber lorsqu’elle aurait réussi à se détacher. Là, sa situation était quelque peu critique, pieds et poings liés à un épieu que les aborigènes dirigeaient dangereusement vers un feu. Parlons-en de ces aborigènes ! Ils lui avaient sauté dessus, beuglant et suant comme des porcs, saisie sans ménagement et ligoté à un pic ! Leurs peintures corporelles avaient sali sa minijupe à carreaux inspiration gothique/sweet lolita ! Et elle s’était CASSE un ongle ! Des têtes allaient tomber, ça, ça n’allait pas manquer.

    Et puis, avec un peu de chance, un commando surprise composé des effectifs masculins des Avengers, des effectifs masculins d’Harry Potter et des effectifs masculins de One Piece allaient surgir pour la sortir de cette situation épineuse et la réconforter face au traumatisme. Yep. Elle pourra en profiter pour les mettre dans son lit tous en même temps. Qui pouvait lui résister, de toute manière ? Et ces indigènes n’avaient que leur propre manière de vouloir consommer son corps, après tout.

     

     

    La petite troupe marchait depuis près d’une heure, lorsque le seul incident à déplorer survenu. Tout était calme, lorsqu’un bolide volant déboula des fourrées et percuta Jack en pleine tête, lequel fut projeté contre un tronc. Mayu, derrière lui, n’avait eu que le temps de voir passer ledit bolide, une sorte… d’oiseau ? Tropicale fonçant à toute allure. Elle se précipita vers le Garçon du Gel et s’accroupit auprès de lui, tandis que les deux autres se retournaient.

    « - Aïe, ma tête…

    - Tout va bien, Jack, je suis là !

    - J’vais mourir… »

    Tamalice, sans pitié ni tact, asséna :

    « - C’est bien les mecs, ça, d’être douillet.

    -Ma tête…

    - Tu vois bien qu’il souffre ?!

    - Pitié, faites les taire… »

    La leadeuse gloussa, intensifiant le mal de crâne du jeune homme, et Pitch, à côté d’elle, se mit à faire crisser ses ongles l’un contre l’autre, un sourire mauvais aux lèvres. Jack avait l’impression que chaque son résonnait en écho insupportable dans sa tête, perturbant sa compréhension de l’environnement. Il entendait les autres mais ne les comprenait pas.

    Mayu se tint tout près de lui, son visage touchant presque le sien. L’éphèbe la regardait de ses yeux d’un bleu doux, les lèvres légèrement entrouvertes, et la blonde sentit son souffle frais sur sa peau. Elle rapprocha tout doucement sa bouche de la sienne, sous le charme, lorsque une nuée des oiseaux-bolides survola le groupe et que l’un deux lui chia sur l’épaule. Il y eut un long flottement. Puis un hurlement de rage sanguinaire déchira l’atmosphère lourde et entêtante de la jungle.

     

     

    Le groupe avait poursuivi sa randonnée à travers la jungle sans changement, à la différence près que Mayumi ouvrait la marche et piétinait hargneusement à chaque foulée. Pitch et Tamalice respectaient un silence prudent, tandis que Jack tentait de se déboucher les oreilles avec force moulinets de l’auriculaire. La troupe parvint finalement à l’orée de la forêt.

    Tamalice s’avança, bras ouverts, et respira l’air frais et non plus chargé des effluves écrasantes des végétaux.

    « - Ca y est, nous sommes enfin arrivé !

    - Qui sent des pieds ? »

    Jack était temporairement atteint de troubles de l’audition.

    « - Nous n’aurons pas marché pour rien.

    - C’est moi que tu traites de boudin ?!

    - J’ai eu raison de tourner à gauche.

    - Pitch est tombé dans la débauche ?! »

    Le Croquemitaine se jura de lui faire payer ça un jour. Tamalice, soucieuse de sa vie, évita prudemment Mayu, d’une humeur exécrable, lorsqu’elle s’avança. C’est alors qu’elle remarqua, à quelques centaines de mètres, un genre de village perché contre les falaises, du genre de celui qu’elle avait vu dans Pirates de Caraïbes.

    «  - Qu’est-ce qu’on fait ?

    - On les massacre.

    - ON VA LES RENCONTRER. » Un sourd a souvent du mal à s’entendre, et forcément parle plus fort que nécessaire. Apparemment, son état s’améliorait s’il avait comprit la question.

    « - Ils ont peut-être des informations qui pourraient nous être utiles. » Tous regardèrent Pitch.

    « - C’est dit, on y va. »

    Ils marchèrent sur la distance les séparant du village, puis se cachèrent dans les fourrées à la vue de l’hyperactivité des aborigènes. Mayu écarquilla soudainement les yeux.

    Mary-Sue.

    La splendide, l’intelligente, la mystérieuse, l’insupportable Mary-Sue était ficelée à un épieu, à l’écart de la masse humaine qui grouillait de frénésie, qui avait eu le temps de les apercevoir, et qui, à présent, les appelaient.

    « - Eh ! Venez m’aider ! 

    - Putain, ferme ta gueule, on va se faire re-pé-rer… » Tamalice se massait l’arrête du nez entre les doigts. Jack intervient :

    « -Qu’est ce qu’elle dit ? Il faut qu’on aille l’aider !

    - A l’aide, venez m’aider !

    - Qu’est-ce qu’elle dit ?

    - Elle dit qu’il faut l’abandonner.

    - C’est chaud pour mes fesses, il y a un festin cérémoniel !

    - Elle dit qu’elle est une déesse et qu’ils vont la libérer de sa prison charnelle.

    - Ca commence à être ‘’hot’’, et pas en bien !

    - Elle dit de ne pas oublier la carotte et de la mettre près du coin pubien. Bizarre cette fille. Fétichiste des légumes. M’enfin, c’est peut-être mieux pour la cuisson. »

    Pitch et Mayumi se retenaient tant que possible d’exploser de rire et de rouler par terre en se tapant les cuisses ; la tâche était ardue vu leur visages complètement rouges. Jack écarquilla les yeux, horrifié.

    « - La cuisson ?! »

    Il se retourna vers la magnifique jeune femme vulnérable qui le fixait, pleine d’espoir, et s’élança.


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  • « -Gamin, tu commences sérieusement à m’énerver, toi et ta petite Quenotte, son vrombissement dans mes oreilles, s’il ne s’arrête pas immédiatement, ne va pas se stopper naturellement, fais moi confiance, ricana le croquemitaine. » 

    La petite fée, en entendant cela, émit un petit piaillement apeuré et partie se cacher derrière Jack. 

    « -Laisse Quenotte hors de cette histoire, c’est entre toi et moi, poule mouillée ! 

    -Poule mouillée ?! Tu crois que le combat de tantôt était équitable, à 5 contre 1 ? Petit, notre seul face à face fut résolu à, toi dans une faille, pleurant ton pauvre bâtonnet chéri. Je crois que j’aurais largement gagné sans tes « coéquipiers » ! 

    -Ah oui ? Tu crois ça ? Et bien viens tenter pour voir ! » 

    Jack, un sourire malicieux plein de confiance aux lèvres, le nargua. Pitch ricana d’un rire gras et activa ses pouvoirs. Enfin, il croyait les activer. Un petit jet de sable noir digne d’un éternuement sortis puis plus rien. Jack prit ça pour une invitation à commencer et brandit son bâton devant les yeux apeurés de l’homme en noir. Mais le résultat fut le même que pour le croquemitaine. Une petite brise vint souffler dans ses cheveux noirs en crépitant, sans plus. Les deux légendes étaient à « cours de jus ». 

    « -Mais, mais…je n’ai plus de pouvo- » 

    Une masse blonde entra en collision avec Frost avant qu’il n’ait le temps de finir sa phrase tandis qu’une autre brune glissait sous les jupes de Pitch. 

      

      

    J’arrêtais de jouer la comédie en entendant une dispute venant de la forêt. Je me relevais en balançais étrangement mes bras et me mis à l’affut. 

    « -Qui a-t-il ? demanda Tam. 

    -J’ai entendu quelque chose. » 

    Je me déplaçais en crabe, Tamalice debout à mes côtés ne comprenant pas ce que je faisais. J’arrivais vers les buissons à l’orée de la forêt où les bruits étaient beaucoup plus audibles. 

    « -Tu entends ? 

    -Oui, tu penses qu’on n’est pas les seules à avoir atterris ici ? 

    -Je ne sais pas. Mais c’est étrange, j’ai l’impression de connaître ces voix…murmurais-je. » 

    Deux silhouettes s’agitaient à 20 mètres. L’un se fondait dans le paysage, tout en noir alors que les arbres ne laissaient passer que quelques pauvres rayons de soleil et l’autre paraissait clair comme la neige. On aurait dit le bien et le mal en personne. 

    « -Tu crois qu’on fait quoi ? 

    -On va les voir ? proposa la brune. 

    - Je ne sais pas…imagine qu’ils soient des aborigènes, ils risquent de nous prendre ! 

    -De-de nous prendre ? Tu rigoles j’espère…je ne pensais pas entendre ça venant de toi… 

    - ? Ben oui, ils vont nous emmener dans leurs petites huttes après nous avoir saucissonné à un bâton, et ils nous mangeront ou nous offriront à leurs dieux ! Nous enlever quoi ! 

    -Ah, d’accord. Mais je te conseille à l’avenir de ne plus employer « prendre » de cette façon, ça porte à confusion…Françoise serait là, tu aurais pris chair… 

    -Euh…si tu le dis…balbutiais-je sans comprendre où elle voulait en venir. 

    -Donc, on fait quoi ? 

    -Je ne m’approche pas, je te préviens, j’ai peur des ind…Tam, n e   b o u g e   p a s ! 

    -Hein ? » 

    Une énorme scolopendre s’activait de monter sur sa jambe. Ayant une peur bleue de ces bêtes autant qu’elle, je me décalais, toute pâle. Puis j’en vis un deuxième à ma droite, un troisième. Une dizaine de millepattes de 30cm de longs et 15 de larges grouillaient tout autour de nous. 

    « -Un nid de millepattes ! Nous criâmes en cœur avant de partir en courant dans la forêt. » 

    Tandis que Tamalice hurlait en se secouant comme un singe pendant sa course, je poussais des cris d’hystérique sans regarder devant moi. Nous foncions droit vers les deux personnes, mais lorsque nous nous en rendions compte, il était déjà trop tard. Je heurtais de plein fouet l’indien en blanc et Tama terminait son trajet dans les pieds de l’autre, la tête dans la terre. Nous voltigions lui et moi pour atterrir dans un buisson à l’allure étrange. Sans faire attention à mon « protecteur », je me mis à geindre, et me relevais avec hâte de cet arbuste. Des orties ! Étant en manche courte et short, la chute fut glorieuse, les orties avaient pu profiter un maximum de ma peau pour se frotter, j’étais désormais pleine de plaques rouges irritantes. En me grattant, j’appelais Tam, espérant qu’elle n’ait pas fait une crise cardiaque entre deux sauts. La jeune fille c’était relevée dans l’ample manteau noir de l’homme et en écartant les deux côtés, claironner à tue-tête : 

    « -Batman ! » 

    Elle se retournait en gloussant tandis que je m’esclaffais comme une idiote devant sa blague pourrie en me frottant les bras. 

    « -Aidez-moi… » 

    Un appel au secours venait d’un buisson. Ah oui, j’avais oublié la personne que j’avais entrainée dans ma chute. Je trottinais vers la voix et m’accroupis. 

    « -Un peu d’aide par hasard ? Demandais-je en me grattant la cheville tout en tendant l’autre main. » 

    Une main d’homme apparu des broussailles tandis que j’entendais derrière moi balbutier Tamalice. Je saisie les doigts quand un cri d’excitée me fit sursauter, lâchant l’homme qui retomba lourdement dans le peuple des démangeaisons gratuites. Je l’entendis geindre en heurtant de nouveau les plantes du malheur. 

    « -Oups, Tam, ne me distrais pas, je sauve des gens tu sais ?! Laisse-moi me concentrer ! 

    -Pais-mais…pipi-pi-pipitch ! 

    -Arrête de bafouiller, je ne comprends rien. Mais si tu as besoin, va, cependant pas dans le même buisson, plus loin ! 

    -Non !! Pitch !! 

    - Peach… ? (Je m’énervais entendant mon amie ne pas faire l’effort de parler distinctement) tu as raison, tu devrais appeler Mario tant qu’on y ait ! Grommelais-je en relevant la victime. » 

    Un sweet bleu délavé apparu dans mon champ de vision. En se relavant, l’homme fut si près que mon nez toucha le tissu. Froid mais délicieux à palper. Je posais mes mains sur le vêtement et le frottais en murmurant : 

    « -Oh ! Doux, doux~ 

    -Ca gratteeee !!! Hurla une voix familière. » 

    La personne se recroquevilla et tout en se lamentant se mit à frotter ses membres comme un déchainé. Elle se plaignait lorsqu’elle se retourna dans ma direction. Sa tête relevée, je voyais son visage. Mon cœur se mit à battre la chamade prêt à exploser et je devins toute rouge. 

    « -J-j-j-ja-jaja-Jack !!! Bégayais-je en me grattant la joue nonchalamment. » 

    Je me rapprochais à vive allure et tendis un doigt. Il rentra en contact avec la peau du jeune garçon. Je m’accroupis pour être à sa hauteur et le palpa, d’abord les joues, puis les cheveux, le nez, les oreilles, le torse, le ventre, les hanches et…il m’attrapait la main. 

    « -N’essaye même pas d’effleurer cet endroit, me lança t-il glacialement. 

    -Il-il est vivant ! Beuglais-je comme une furie ! » 

    Je courus vers Tama et nous nous mirent à danser ensemble en chantant : 

    « -Ils existent, ils existent, on les voit, on les touche ! » 

    Les deux légendes ne savaient que dire devant cette scène. Ils restèrent figés tout en nous regardant. Une feuille passait, nous chantions encore.


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  • Il faisait grand soleil sur l’île Tipiyaya lorsqu’Alicia et Laurine tombèrent de nulle part et atterrirent très peu élégamment sur leurs postérieurs. 

    Les deux filles eurent un long, long temps d’arrêt, bouches ouvertes et yeux écarquillés, avant d’échanger un regard incrédule et de regarder autour d’elles. 

    Deux minutes plus tôt, elles marchaient ensembles sans but précis, jacassant comme seuls deux amis de longues dates savaient le faire, et là, elles se trouvaient sur une plage de sable blanc et fin, une jungle dense et des pics escarpés derrière elle et la mer à l’infini devant. Elles ré-échangèrent un regard, et Laurine tilta la première : 

    « Alicia… faudrait que t’aies un miroir, c’est bizarre là… » 

    La brune regarda son amie sans comprendre : 

    « Qu’est-ce qui se passe ? T’as vu quoi ? » 

    Puis elle loucha sur un truc pas net. Une mèche de cheveux. Rose. Bouclée. Une insolente mèche de cheveux roses et bouclés qui tombaient juste devant ses yeux. Elle poursuivit dans sa lancée et continua de baisser le regard pour voir l’horizon bouché par deux… trucs couleur chair, joliment corsetés dans un bustier bleu foncé. Elle porta ses mains à ses oreilles et les palpa. Elles n’étaient pas rondes. Elles étaient pointues.  

    La miss releva les yeux vers la blonde qui la fixait d’un air interdit. Elle se mit à trembler, elle ouvrit la bouche comme pour balbutier, et, avant que l’autre n’ait pus réagir, elle pointa le doigt vers sa vis-à-vis et beugla : 

    -TETE DE CITROUILLE !!! 

    Puis elle s’effondra sur le sol en tapant des poings et en gloussant comme une dinde. 

    Si Laurine avait été un personnage de manga, une goutte serait apparue au coin de sa tête. Mais Laurine n’était pas un personnage de manga et elle se contenta de regarder l’elfe et de sérieusement songer à se suicider ou à s’éloigner de la folle furieuse. Elle finit par se lever pendant que l’autre achevait son hystérie dans quelques hoquets étranglés et s’examina. Elle portait une tenue différente de celle qu’elle avait auparavant, un genre de pull gris, léger et ample, ainsi qu’un short. Elle vit dans son ombre s’étalant sur le sol comme une petite virgule partant du haut d’une chevelure plus abondante que normale et sut qu’elle devait avoir une tête de citrouille. 

    Laurine et Alicia venaient de laisser la place à Mayumi et Tamalice. 

    Son amie se releva, encore toute rouge de son délire, et demanda : 

    « -Bon, c’est pas tout, mais on est où là ? » 

    La blonde eut un regard farouche. 

    « - Tu oses dire ça alors que c’est TOI qui m’as entrainé ici ? Mais t’es tarée !?! Pourquoi tu m’as saisi le bras ? T’es revenue exprès pour m’entrainer dans ta merde !  » 

    Alicia shoota dans un galet et se borna à répondre : 

    « Je t’aurais manquée. Donc, c’est quoi ce bled ? » 

    Les deux filles contemplèrent la plage déserte et la nature sauvage. 

    « - Pas la moindre idée.  

    - Un mix entre Koh-Lanta et Hunger Games ? » 

    La blonde se voûta en grommelant et fit quelques pas en arrière 

    « - Rahh… On pourrait pas plutôt dire qu’on est en vacances sur une île paradisiaque en sirotant ses cocktails et en bronzant les doigts de pieds en éventail ? 

    -Imagine la possibilité que la masseuse soit notre chère prof d’allemand. » 

    C’en fut trop pour l’émotive petite blonde qui s’évanouit. 

      

     

    Pitch se releva en titubant. Autour de lui ce n’était que végétation luxuriante et fleurs tropicales au parfum lourd et entêtent. Il vacilla et étudia son environnement. Le sale gosse était là, étendu face contre terre, tenant son bâton dans sa pogne de môme, tandis que la stupide petite fée s’agitait en tout sens pour essayer de le réveiller. Il eut un sourire malsain et fut tenté de shooter la petite créature, lorsqu’il entendu un hurlement strident. Il sursauta et observa par une trouée dans la végétation une plage de sable fin, où se trouvaient deux personnes dont l’une qui venait de tomber sur le sol. Il haussa les épaules et se retourna vers Jack Frost et sa ‘’Quenotte’’. Le garçon s’était réveillé, sûrement à cause du cri, et le pointait de sa crosse, l’air menaçant. 

    Pitch eut un sourire entendu et pencha la tête sur le côté. 

    « -Alors, bien dormi ? Pas suffisamment, de toute évidence ; ton ami le Marchand de Sable verrait-il ses capacités s’affaiblir ? » 

    Le ton plein de fiel du Croquemitaine suffit à faire s’hérisser ses poils dans le dos de Jack, qui répliqua le plus vicieusement possible : 

    « - Quand bien même les capacités de Gardiens se seraient plus ce qu’elles étaient, nous ne serons jamais aussi faible que toi… » 

    Puis il reprit, pernicieux : 

    « - Après tout, tu l’as dit toi-même, tu es faible. » 

    L’expression du Maître de la peur se décomposa à vue d’œil et il sembla au jeune que la forêt venait de perdre en chaleur et en luminosité. 

    « - J’ai déjà failli vous défaire, rien ne m’empêche de recommencer, et s’il n’y avait pas eu ce sale petit Jamie Bennett, je vous aurait écrasé comme les insectes que vous êtes… » 

      

     

    Mary-Sue émit un doux gémissement en relevant sa tête aux proportions parfaites. Le paysage sembla danser le tango devant ses magnifiques-yeux-bleue-verte-rosee-orangée-parsemés-de-paillettes-d’or, avant de se stabiliser. Elle était allongée sur un sol rocheux, sombre et dénudé de toute végétation. Devant elle s’étendait une sorte de forêt tropicale, et, plus loin encore, une mince bande de sable clair bordée d’une eau turquoise. 

    La splendide jeune fille se releva sur ses longues jambes de déesse et fit quelques pas gracieux avant de se prendre les pieds dans une pierre et de s’étaler dans les cailloux. Une personne ayant vu la scène de loin aurait pu observer la remarquable crise de colère piquée par un personnage parfait ne supportant pas que quoi que ce soit lui résiste, fut-ce un caillou. May (car c’était ainsi que l’on surnommait les Mary-Sue) eut un petit reniflement hautain et gratifia la pierre d’un regard haineux. 

    Elle mit un peu d’ordre dans sa sombre chevelure soyeuse et essaya de se souvenir de pourquoi elle était là. Peut-être avait-elle été choisie pour être le treizième tribut des Hunger Games ? Elle pourrait profiter de cette occasion exceptionnelle pour apprendre à Katniss à vraiment tirer à l’arc, séduire Peeta et Gale pour les avoir les deux à la fois dans son lit, aider Aymitch à vaincre ses démons et son alcoolisme ainsi que convaincre une population blasée et assoiffée de sang qu’envoyer des mômes crever dans une arène mortelle, c’était mal. Elle fut fière d’elle-même à cette idée puis fronça ses sourcils parfaits en se souvenant. Elle était sortie du cours sans faire attention à la vieille chouette qui hululait à son encontre, son unique but étant de remettre à leur place ces deux pimbêches qui se croyaient permises de remettre sa suprême suprématie en question, et alors qu’elle de déplaçait furtivement derrière elles, une des idiotes, celle qui lui avait versé de l’encre sur SES MAGNIFIQUES CHEVEUX, avait disparu. Puis réapparu pour disparaître à nouveau, entrainant la blondasse. May avait tout de suite sut ce qu’il s’était passé et avait embrassé son pendentif porte-bonheur, celui que sa mère elfe-sirène-princesse-magicienne-barbie lui avait légué avant de périr dans ce tragique incendie, puis elle avait sauté à la suite des deux idiotes dans le trou. 

    Maintenant elle se retrouvait dans une forêt tropicale, entourée de bruits étranges, de saletés, de bestioles. Super. Elle aéra ses cheveux et partie en quête d’une moindre habitation ou encore mieux, des deux filles.


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  • Nous soupirions en cœur. Assise l’une à côté de l’autre à la fac, nous écoutions d’une oreille distraite le professeur faire son cours tout en gribouillant sur nos cahiers. Alicia, ma meilleure amie depuis longtemps supportait la même torture que moi dans cet amphithéâtre : écouter la vieille chouette. Quant à moi, Laurine, je surveillais les moindres mouvements de cette prof, persuadée qu’elle allait à un moment ou à un autre se tourner dans notre discussion et jeter son agressivité sur nous. Pour une fois qu’elle lâchait toute sa haine sur d’autres pauvres élèves, je ne pouvais m’empêcher de douter de ce moment de répit. Car cette vieille chouette, ayant un sens de la mode affligeant, des lobes d’oreilles digne du bouddha, une verrue sur le coin de la bouche et des bourrelets de tous les côtés, était à fuir comme la peste. Lorsqu’elle détestait un élève, c’était jusqu’à ce qu’il craque. Nous étions donc parmi les « survivants », la supportant depuis 1 an déjà, et à cet instant elle hurlait à quelques centimètres du visage de sa proie tout en formant avec ses sourcils broussailleux un X et en lui perçant les tympans sa voix de crécelle.

    Finalement fatiguée d’user mon énergie à l’observer, je dessinais un énième croquis de Jack à côté du Pitch d’Alicia et reporta mon attention sur Aron, installé à côté de Rick. Ces deux garçons étaient nos deux meilleurs potes. Inséparables depuis des années, ils ne pouvaient cependant pas s’empêcher de se chamailler comme deux gamins. Alors qu’ils recommençaient leur petit numéro en se piquant du bout de leur critérium, Mary-Sue, la plus belle fille de la fac et notre ennemie de toujours, se glissa entre eux deux. Cette fille était le mal incarné, superbe, intelligente, à plaindre, aimée de tous et n’avait malheureusement pas sa langue dans sa poche. Elle ne nous supportait autant qu’on la supportait, c’est-à-dire pas plus de 30 secondes. Sa jalousie maladive l’entrainait constamment à essayer de nous piquer nos deux amis masculins et encore aujourd’hui, elle tentait une nouvelle fois de les conquérir. Elle retirait deux boutons de sa chemise pour plus de sex-appeal avant de passer à l’action. Sa main frôla celle de Rick tandis que l’autre se posait sur la cuisse d’Aron. Un frisson d’amertume m’envahit vitesse grand V tandis qu’Alicia réprimait un hoquet de haine. Nous serions les poings, prêtent à intervenir à n’importe qu’elle moment. Lorsqu’elle dépassa la limite, léchant presque l’oreille d’Aron, je me hissais sur le bureau furibonde et me dirigeais vers leur table, n’ayant qu’une seule cible : Mary-Sue. Enfin, manque de pot, je trébuchais contre le sac de mon amie et m’écroulais dans l’allée d’escalier. La tête enfoncée dans la vieille moquette sale, je pleurais en silence de mon échec et de la honte qui s’abattait sur moi désormais. La salle se tue totalement. Puis vint la fatidique scène de fou rire, ce qui me donnait envie de partir en courant. J’entendis May ricaner et soulever une mèche de mes cheveux avec un regard empli de pitié.

    « - Qu’est ce qu’elle essaye de nous pondre, la blondasse ? Si c’est ça ton dernier espoir pour espérer te faire remarquer, c’est réussi, mais tu as l’air plus bête que mignonne, dommage pour toi. 

    - Tais-toi, sifflais-je en couinant. » 

    Je pouvais voir Aron et Rick, retournés et me regardant ramasser les affaires d’Alicia. Je voulais me cacher. Une main rassurante se posa sur mon épaule. Alicia était là, levée, elle prenait le relais. Elle se posta devant la peste, tout sourire. Elle prit une cartouche d’encre et la versa sans aucun regret sur la tête de la brune. 

    « - Oh non, j’ai ruiné ton brushing. Enfin, ça ne change pas de d’habitude finalement, il est toujours aussi moche. » 

    Mary-Sue balbutia quelques mots avant de se coller à Rick. 

    « -Rick, regarde ce qu’elle m’a fait !» 

    Les deux garçons soupirèrent à la vue de cette scène pathétique et jetèrent sans remord la jeune harpie deux rangs derrière. Ce fut certainement l’une des seules fois où ils n’eurent pas à débattre 15 ans pour se mettre d’accord. Aron s’approcha ensuite de moi et me souleva doucement pour me remettre sur patte. Il allait ajouter quelque chose mais la chouette ne lui en laissa pas le temps. Elle hurla mon nom et celui de mon amie et ni une, ni deux, elle nous attrapa par le t-shirt et nous jeta dehors avec nos sacs. Nous nous retrouvions ainsi toute les deux dans le couloir, dépitées. Elle me regarda et me lança très sérieusement : 

    « - Je déteste cette fille ET cette prof. » 

    ***

     

    Nous rentrions chez nous. Nous n’avions pas vraiment le même itinéraire mais nous nous suivions sans vraiment penser au reste, parlant de nos dessins, de nos amours, de nos délires, nos coups de gueules… Alors que je lui montrais la dernière pose inventée en basket pour rattraper les balles, je la vis soudainement chuter. Mais pas une chute naturelle, sur le béton, les genoux enflés et tout ce qu’il va avec, non. Dans un trou, un trou sans fond. Je m’arrêtais, bouche bée. Je me penchais sur le bord de cette crevasse en l’appelant désespérément. Sans nouvelle, j’étais prête à appeler les secours quand je l’entendis crier du fin fond de l’abime, un lointain cri de plus en plus proche. Elle ressortie à la vitesse de la lumière par je ne sais quel moyen, m’attrapa le bras et nous disparaissions à nouveau dans cette cavité profonde. 


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  • Les explosions s’enchainaient telles des feux d’artifices mais à même le sol, décimant tout sur leur passage. Les hurlements étaient de moins en moins audibles à chaque percements d’obus contre une maison, l’herbe brulée, la terre ou même des personnes. Et dans cet univers de chaos, une jeune fille courait, recherchant sécurité dans un paysage apocalyptique. Les débris soulevés par le souffle des explosions venaient parfois l’égratigner, mais peu l’importait, elle voulait partir d’ici, creuser un trou et se cacher. L’adrénaline l’empêchait d’avoir mal, seule la peur lui torturait l’estomac et la forçait à continuer. Cependant, l’adolescente n’avait qu’un échappatoire, la fuite. Où? Elle ne savait pas, mais du moment ou elle pouvait fuir ce massacre, elle s’en fichait. 

    Dans les rues avoisinantes, des gens l’imitaient, slalomant entre les débris et les corps comme des petits animaux apeurés, comme elle. Au fur et à mesure que les maisons passaient tout au long de sa course, elle apercevait des enfants seuls, des blessés accroupis le long de la route et agonisants, sans compter les coureurs qu’elle continuait de croiser à chaque nouvelle intersection. Des explosions survenaient à intervalles irréguliers, faisant parfois pousser des ailes aux malheureux qui se trouvaient sur leur chemin. 

    A force d’être distraite par ce chaos, son pied percuta une masse au sol et la fille se rattrapa tant bien que mal, évitant ainsi la rencontre brutale avec le sol. Elle savait que regarder, c’était se faire mal à elle-même, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher, sa curiosité (la panique?) l’emporta et son regard dériva un instant sur ce qui avait faillis causer sa perte. Un corps d’enfant. Du sang mêlé à de la terre le recouvrait un peu partout, ses cheveux étaient en bataille et recouvrait une partie de son visage sans pour autant cacher la partie brulée au troisième degré. La peau était tellement calcinée que la paupière n’était plus que poussière, laissant ainsi son oeil mort et sans vie sortir de son orbite. Sans compter son bras gauche et ses deux jambes qui formaient des angles impossibles d’ordinaire. Et tout cela, elle avait pu le distinguer en un quart de seconde sans le vouloir. la jeune fille fut prise d’un haut le coeur non seulement en sentant l’odeur de chair brulée qui émanait de lui mais aussi en voyant de telles atrocités sur un corps d’enfant. L’envie de l’enterrer comme il se doit lui vint à l’esprit, cependant une bombe s’écrasant contre la maison à quelques mètres d’elle lui fit recouvrir la raison. Elle devait trouver un endroit ou elle pourrait être sauve. Et elle continuait ainsi à courir. A sa perte? Peut être...La nature humaine n’était finalement pas si différente de celle des animaux. Lorsque le danger se pointait, pas question de l’affronter, il fallait battre en retraite. Oui...Elle n’était pas mieux qu’un petit lapin effrayé par l’arrivée d’un chasseur...

    Une explosion survint au dessus de l’adolescente, puis un long sifflement effrayant alors qu’elle sautait au dessus d’un unième corps. Un obus s’écrasa sur sa route à 3 mètres, la soufflant et soufflant les vitres des maisons avoisinants. Elle percutait le semblant de goudron qu’il restait sur son passage et atterrit 5 mètres plus loin après une longue glissage sur le côté. Un peu sonnée, la lycéenne restait immobile à plat ventre puis tentait de se relever pour voir l’étendu des dégâts. Elle se retournait en lâchant un râle lugubre et plein de souffrance avant de voir qu’un nombre incalculable de petits cailloux et morceaux de verre s’étaient logés dans sa peau brulée pendant sa chute. Sa cheville semblait légèrement tordue, que dis-je, extrêmement. Un peu plus et elle formait un angle droit! Désormais, impossible de fuir, elle devait prier pour que rien ne lui tombe dessus, exposée comme elle était. Puis un bruit de radio et ce sifflement atroce. la fille levait un oeil dans l’espoir que ce ne soit qu’un oiseau blessé (tu parles!) et vit un avion en pleine chute libre avec à son bord, un pilote recherchant un semblant d’aide auprès de ses compères à l’autre bout du fil. Sa piste d’atterrissage: Elle. Les larmes mouillèrent les yeux secs et brulants jusqu’à présent de la jeune fille. Alors c’était ainsi que sa vie devait s’achever? Elle avait eu une existence bien misérable dans ce cas, traitée comme une moins que rien, un larbin, une bouche trou, qu’avait-elle bien pu faire par elle-même avant tout ça? Rien, tel était le problème. Elle se calait et se couchait sur le dos. Après tout, c’était la seule chose dont elle pourrait se venter lorsqu’elle aurait rejoins les autres là-haut: avoir fait face à la mort jusqu’au dernier moment. Et c’est devant l’effrayant spectacle d’un avion de guerre s’écrasant, entouré d’un cercle de feu et de crépitement de flammes que son regard croisa le pilote. 

    Lui aussi il n’avait du jamais vouloir être ici, se dit l’adolescente en voyant toute la peur, le désespoir, la solitude dans son regard. 

    - «Pauvre garçon, on se retrouve dans l’haut delà, ricanait-elle, un semblant d’hystérie dans sa voix.»

    Une larme glissa de son oeil droit et la lumière envahie son entourage avec toujours cet affreux sifflement de chute en fond.


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