• chapitre 4

    des souvenirs trop longtemps enfouis

     

    -tout va bien ?

    Je revins à moi d'un sursaut et lui souris.

    -oui ! Murmurais-je en m'essuyant les yeux.

    Il me regarda d'un air peu convaincu.

    -je vais devoir y aller, je risque de t'attirer les foudres de madame Duchamps si je suis en retard à mon cour.

    -va y, de toute façon, je ne vais nul part, ironisa-t-il.

    Je lui souris tristement et sortis en pensant à bien refermer la porte derrière moi. Que m'arrivais t-il ? Tant de souvenirs revenus à cause d'une seule personne. Même Madame Duchamps ne me faisais pas cet effet ! Persécutée par mes mes propres pensées, mon inattentions pendant le cours me valu plusieurs coups de règle sur le bout des doigts.

    -petite sotte ! Me cria Mme Juliette, combien de fois dois-je te répéter que les accents sont importants ? Tu me tape sur les nerfs. Va t-il encore falloir prévenir Mme pour que tu comprennes enfin que c'est moi que tu dois écouter ?

    Je la regardais hagarde, en hochant la tête. Elle me cria dessus et sortis de la pièce.

    Maman, Papa.

    Une silhouette devant moi. Est-ce toi maman ? Une violente gifle m'envoya valser de ma chaise, renversant mon encrier sur la table. Pourquoi me frappes-tu ? Suis une si mauvaise fille que ça ? Les ombres dansaient autour de moi, les bruits étaient sourds et moi je ne faisais plus la différence entre rêve et réalité. Étais-je vraiment chez moi ? Où suis-je ? Que m'arrive t-il ?

     Je dois partir.

    Je me levai, sans me soucier des personnes me fixant, la bouche en mouvement et sortis de la pièce. Je ne savais que faire de mes bras, seul mes jambes me transportaient de leur plein grès. Monter, descendre, où dois-je aller me questionnaient mes pieds. Je sortis. Il faisait presque nuit, les criquets chantaient déjà. Une marche, deux marches, trois marches. Un petit sentier me mena derrière le bâtiment. Une fenêtre. Des barreaux ? Je m'assis contre sans me soucier du reste. Recroquevillée, je pleurais. Pourquoi pleurais-je ? Tant d'émotions me submergeaient, sans que je puisse les contenir plus longtemps. La peur, la colère, les regrets, la tristesse, la souffrance. Tout. Sous les ombres menaçantes de la forêt imposante et infinie, je paraissais comme une petite tache au sol.

    Des tintements. Des murmures.

    De gros sanglots sortaient de ma bouche en petits hoquetements silencieux. Un vent glacial caressa  mes joues, refroidissant les larmes étalées. Maman, Papa, que dois je faire, me criais intérieurement de plus en plus fort. Dois je vous rejoindre, partir, me laisser...mourir pour que tout ceci s'arrête enfin ? Je ne sais plus quoi faire, REPONDEZ-MOI !!

    -JEANNE !

    Une pression se fit autour de ma taille. Plaquée contre les barreaux de la fenêtre contre laquelle je m'étais adossée, deux longs et forts bras m'entouraient. Chauds, réconfortants.  Paul. J'étreignis à mon tour sa poigne et me remis à sangloter. Sans un mot, il ne me lâcha pas. Il attendit que je me calme.

    -dis Paul, pourquoi mes parents m'ont abandonnés ? Pourquoi ont ils décidés de partir avant moi ? Je suis toute seule maintenant. Je ne veux pas. Je voudrais que cet enfer finisse enfin, sanglotais-je.

    -ils ne t'ont pas abandonnés, ils font partis de toi, de ton cœur. Je sais qu'au fond de toi, tu as conscience qu'ils ne t’ont pas délaissés, ils te protègent, mais désormais de la haut.

    Je reniflai discrètement. Il avait raison, et puis désormais, je l'avais lui. J’enlaçais ses bras.


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