• Alors que je m’arrachais l’intérieur des joues pour ne pas rire, ce que je vis me fit l’effet d’une douche froide. Jack, courant, lui et son derrière rebondi, vers…Mary. Je fis volte face pour harceler Tama.

    « -Il fait quoi, là ?! Hurlais-je en la secouant.

    -Je pense qu’il va la sauver. Bordel, j’aurais préféré qu’elle cuise moi, s’énervait « l’elfe ». Maintenant, on va avoir deux morts au lieu d’un.

    -Hein ?! »

    Je me retournais et vis à mon plus grand malheur, Jack, sous un tas d’aborigènes. Le jeune homme avait tenté de givrer tout ces chauds lapins avec son arme ultime, mais un détail lui avait échappé : il n’avait plus de pouvoir. Il se retrouvait donc enseveli et maintenant un futur repas accroché telle une brochette au dessus d'un grill. Mon cri mit un instant avant de passer la frontière de mes lèvres. Paniquée, je me mis à remuer mes cheveux en quête d’une idée lumineuse pour le sortir de là. Chose difficile pour mon intellect peu développé. Puis un faible espoir surgit, je fixais Tamalice, assise près de Pitch, mangeant tout les deux des graines semblables à des popcorns trouvées sur le sol. Les voyant si peu concerné, j’eus envie de pleurer. Seule la petite Quenotte, si silencieuse depuis le début, paniquait autant que moi. Elle voletait autour de moi dans un bourdonnement agaçant et ses petits couinements m'irritaient au plus au point. Elle m’empêchait de réfléchir, déjà que la tache n'était pas simple... Elle s'activa devant mon nez, essayant de communiquer comme elle pouvait avec moi. Mais je ne l'aimais pas. Jalouse à souhait du fait qu'elle soit toujours auprès de Jack, je ne la voyais pas en tableau. Je plissais donc des yeux et lui soufflais dessus, avec comme seule idée, l’éjecter de mon champ de vision. La petite fée fut envoyée au loin grâce à la soudaine bourrasque. Je réprimais un sourire diabolique devant cette petite chose qui fut ballottée par le « cyclone » et retournais à mon dilemme principal.

    « -Oohh ! J’aime beaucoup cette position, commenta le croquemitaine en regardant Jack suspendu comme un cochon. Dire que j’ai toujours rêvé de voir Jack ainsi, mon rêve se réalise enfin !

    -Je n’ai jamais assisté à une exécution, ça va être fun ! S’amusa mon amie en tapant des mains.

    -Mais-mais, il faut l’aider ! Hurlais-je en gardant un œil sur l’affreuse scène.

    -Mmmhh…je n’ai pas envie, souris bêtement Tama.

    -Et moi encore moins. Tu n’as cas le faire, toi, si tu tiens tant que ça à lui. »

    Je réfléchis une demi-seconde. Mais le petit oiseau aux milles couleurs revint à la charge avec ses piaillements plus forts que jamais. Son petit tour involontaire dans les airs ne lui avait apparemment pas plus. Elle me picora le dessus de la tête et vint s'agiter devant mon nez encore une fois. Énervée, je la poussais d'un geste de la main. Cependant elle ne lâcha pas l'affaire et fut de retour plus vite que je ne le voulais. La voir faisait monter en moi toute la jalousie que j'avais dans mon petit corps, cette jalousie profonde prit possession de moi et la black Mayu entra en action. Elle l'attrapa et lui planta le bec dans une des graines des deux idiots. Quenotte, ayant désormais un poids trop important à l'avant de son petit corps, ne pouvait plus voler ni l'ouvrir. Soulagée, je pus enfin reprendre mon calme, redevenir moi-même et répondre au croquemitaine.

    « -Tu as raison ! »

    Et après avoir récupéré la fée paralysée pour je ne sais qu’elle raison et l’avoir fourré dans ma poche, je couru en direction des indiens, enfin, je pensais le faire. J'avais peur. Mes jambes n’étaient apparemment pas d’accord, je faisais du reculons. Il faut dire que ce n’était pas une question de sauver Jack ou pas, ce n’était d’approcher ces aborigènes. J’en avais froid dans le dos rien que de les regarder.

    « -J’y arrive pas, miaulais-je désespérée.

    -C’est que tu ne dois pas tenir à lui plus que ça alors, dit Pitch sans lâcher la scène des yeux. »

    Si j’avais été dans un manga, je serais représentée avec une flèche dans le cœur, ou un couteau dans la tête. Mais n’étant pas dans un bouquin, j’avais juste perdu ma fierté ET ma notoriété. Je tombais sur le sol, prête à faire mon spectacle. Du bout de mon doigt, je dessinais en pleurnichant sur le sort de mon âme sœur. Que pouvais-je faire, toute seule ? Pas grand chose, si ce n'est de me faire attraper moi aussi. Mais ma positivité attitude monta en moi et j'envisageais le meilleur qu'il puisse m'arriver. Imaginons que je parte à sa rescousse, je le décroche. Il me regarderait, je le regarderais, il m’attraperait soudainement par la nuque et me projetterait en arrière tout en me tenant, telle une pose célèbre du tango. Une de mes jambes en l’air, il serait au dessus de moi et sa main toucherait mon dos, ses cheveux me chatouilleraient le visage, ses grands yeux me fixeraient en papillonnant, et il me soufflerait, des étoiles pleins les yeux :

    « -Merci belle créature à la chevelure orangée. »

    Il rapprocherait son visage, tendrait ses lèvres et…

    Plic, ploc. Ma pensé dépassait ma pureté. Je baissais des yeux et vis du sang maculer le sol poussiéreux. Je saignais du nez. Je vis sur le coup trouble.

    « -Arf, me plaignais-je. On dirait une obsédée, à saigner du nez comme ça ! Je suis dégoûtante ! »

    Je m’essuyais sans regarder à coup de revers de bras. Si je continuais à observer ce ruisseau vivant sortir de ma narine droite, j’allais directement rejoindre le royaume des rêves. Car j'avais la phobie du sang, joie et bonheur.

    « -Oh, ils allument le bûcher, raconta Pitch. »

    Un frisson d’horreur me parcouru, il fallait que j’agisse ! Je me relevais et sprintais sans réfléchir vers le village.

     * * *

    Ah que j’étais heureux, depuis que j’étais sur cette île, tout ce passait pour le mieux. La nature était contre Jack, une folle à la coiffure citrouillante le harcelait et maintenant il allait ce faire manger par des idiots d’aborigènes. Je soupirais de joie tout en avalant une de ces graines étrangement bonnes à côté de Tamalice, ma stalkeuse attitrée. J’avoue qu’elle ne me plaisait pas trop, mais du moment qu’elle restait calme dans son coin, je ne voyais aucun inconvénient à ce qu’elle soit près de moi. Enfin…

    La journée n’avait pas l’air si plaisante pour la petite jeune fille plus loin, qui paraissait dramatiser un peu trop les choses. A moitié couchée par terre, elle faisait semblant de pleurer. Je l’examinais avec pitié. Pauvre chose. Tant de tristesse dans un si petit corps. J'eus un petit rictus. J'adorais voir les gens si désespérés. Elle griffonnait du bout de ses ongles rongés dans le sable, le regard dans le vague lorsqu’elle se mit à ricaner seule tout en continuant à gribouiller, un sourire pervers au visage. Vraiment, les jeunes filles étaient toute aussi givrées de nos jours ?! Elle revint à elle, le nez en sang. Elle paraissait s'en vouloir. Pourtant, elle n'avait rien à se reprocher. C'est alors que j'eus envie de l'embêter un peu en rajoutant un détail.

    - « oh, ils allument le bûcher, mentis-je. »

    Elle se releva brutalement en entendant et sans vérifier, elle couru vers la prison de mon ennemi. Sa petite taille n’aidait pas, elle courait aussi lentement qu’une tortue. Sa démarche maladroite faillit la faire tomber plus d'une fois. Je me moquais un instant tellement la scène était ridicule et que j'étais méchant. Le divertissement était tel qu’inconsciemment, je tendis la main en quête des graines blanches. Ma main entra en contact avec celle de Tamalice. Je la toisai du coin de l’œil, elle me souriait, des graines plein les dents. Que le diable m’emporte et m’éloigne d’elle, elle a une idée derrière la tête! Son postérieur se rapprochait de moi et, collée à ma droite, elle me tendait un popcorn.

    « -Dit « aaahhh », minauda la gamine. »

    Je mis une fraction de seconde à réfléchir à comment j’allais la repousser. J’optais pour la virer dans le buisson face à nous à coup de savates, c’était la technique la plus simple, la moins fatigante et la moins salissante. Lui poussant le visage dans le buisson avec mon pied, je voyais une expression de béatitude sur ses lèvres. Dégoûté, je renvoyais mon attention sur la blonde. En deux minutes, elle avait fait 30 mètres en courant. Elle ne lâchait pourtant pas l'affaire et continuait, les petites silhouettes derrière elle non plus d'ailleurs. Car d'étranges dessins en forme de citrouille et à la texture de la terre gesticulaient. Ils étaient hauts comme une pomme. Je reconnu les dessins qu'elle traçait dans le sol peu de temps avant. Alors cette jeune fille avait le pouvoir de matérialiser ses œuvres et de les faire vivre... Je pourrais facilement en tirer profit de son pouvoir. Je souris et réfléchi un instant. Si cette idiote pouvait faire vivre tout ce qu'elle marquait...Elle pourrait peut être écrire la formule pour me rendre mes pouvoirs! Étant donné qu'elle pouvait faire exister n'importe quoi, le fait de la tracer la ré-actionnerait...Il ne restait donc plus qu'à trouver un moyen pour lui obliger...Finalement, cette gamine n'était pas si inutile que ça...Je repris mes réflexions, à la recherche d'un moyen de pression. Seulement, j'imaginais très bien la personnalité de cette citrouille. Un peu trop écervelée, je savais qu'elle ne se rendrait même pas compte que je la menace. Bref, elle ne me rendrait pas la tache facile...Et si...

    Arrivée à la hauteur des aborigènes, qui eux l'avaient remarqués depuis un moment et l'attendaient, elle poussa un cri de guerre et décrocha la mâchoire du premier venu avec son pied. Son point entra malencontreusement en collision avec le nez d'un autre, faisant voltiger l'os tantôt planté dans ses narines. Elle lança un pardon aux malheureux et continua de se frayer un chemin vers les deux prisonniers. Mais le nombre fit vite la différence et elle se retrouva de suite encerclée. Je retirais mon pied de la face de Tamalice et me dirigeait vers la scène de massacre.

    « -Où tu vas? demanda l'elfe en se relevant et en essuyant la bave qui coulait le long de son menton.

    -Je vais l'aider. (Je regardais les sauvages se mettre à danser bizarrement)

    -Jack?!

    -Pas vraiment...

    -Mais je croyais que tu ne voulais pas intervenir!

    -J'ai changé d'avis. Si cette petite meurt, mon plan échoue. Et se serait fâcheux. »

    La fille aux cheveux roses se redressa en entendant mes propos et fit une mine dégoûtée. Elle marmonna derrière moi sans pour autant s'arrêter de me suivre. Je ricanais de ma méchanceté et continuais mon avancée vers les aborigènes, qui désormais me fixaient.

    * * *

    J'étais encerclée. Tous me regardaient en bavant. J'imaginais déjà ce qu'ils envisageaient me concernant. Me rajouter dans leur bouillon à la Jack, Mary sue et moi maintenant.

    « -N'approchez pas, bande...d'affreux ! « 

    Alors que je brandissais mon maigre poing, j'en vis certains se mettre à sautiller en hurlant. Je me demandais ce qu'il se passait quand je vis, à ma plus grande surprise, mes créations de tout à l'heure. Deux d'entre elles me grimpaient dessus, l'une se posa sur mon épaule tandis que l'autre sur ma tête et trois autres mordaient sauvagement les pieds des indigènes. La citrouille près de mon oreille entama la conversation.

    « -Balotcha kaupti reine ! (elle câlina mon oreille)

    -... »

    Sur le coup, je ne savais que dire. C'était tellement irréel que même moi, je n'y croyais pas. Mais c'était bien vrai, mes dessins avaient prit vie, et parlaient ! Enfin, parlaient…vite dit, disons que je comprenais un mot sur trois. Je les regardais plus en détails.

    « -Trop mignons ! Criais-je.

    La tribu entière sursauta. Je pensais au départ que c'était à cause de mon cri, mais ils se retournèrent tous et regardèrent avec insistance quelque chose. J'étais malheureusement trop petite, et je ne voyais pas. J'en profitais donc pour m'extirper du cercle et courir vers l'homme que j'aime se trouvant saucissonné à un poteau. Arrivée à ses pieds, je fantasmais encore une fois sur la récompense que j'allais certainement avoir de sa part.

    « -Jack, je suis là, tout va bien ! Dis-je en déligotant ses jambes.

    -Mais magne-toi de venir me détacher, sac à limaces! Siffla Mary-Sue. »

    J'allais répliquer lorsque j'entendis Jack s’inquiéter :

    « -Euh...Mayumi...feu !

    -Hein ?

    -AAAAHHH !!!! Beugla la harpie sans cervelle.

    -Y A LE FEU !!! Hurla le beau gosse. »

    Je me retournais. Une de mes créations venait de faire tomber l'une des torches disposée près du bûcher SUR le bûcher. Son petit « oups, bêtise… » venait de signer notre arrêt de mort. Paniquée, je demandais à la petite créature sur ma tête de détacher les bras de Jack, étant trop petite.

    « - Sauvez-moi !! cria la peste. »

    J'ignorais sa demande et pressais mon dessin. Mes autres inventions, aussi bêtes que moi, tentaient vainement d'éteindre les flammes en soufflant dessus, accentuant le feu. Elles arrivaient désormais à ma hauteur et entamait les deux piliers des prisonniers et mon pantalon.

    « -Ouach ! Chaud, chaud ! Braillais-je avant de me prendre Jack. »

    Il se releva sans prendre la peine de s'excuser, tout les sens en alerte. Je me remettais debout en frottant ma cuisse brûlée et lui prit la main, le tirant vers une « sortie ».

    « -Dépêchons nous de partir avant qu'il ne soit trop tard ! M'époumonais-je en voyant qu'il se dirigeait vers Mary. »

    Il se dégagea, me souleva et m'envoya en l'air. Je poussais un glapissement en apercevant les flammes passer juste en dessous de moi et atterris les fesses dans l'herbe sèche, juste derrière la barrière de feu. L'émotion fut trop forte, je m'évanouis.

    * * *

    J'étais devant les sauvages. Ils m'observaient tous sans bruit. Et alors que j'allais me diriger vers la blonde, elle se faufila entre eux et partis en direction du givré. Je claquais de la langue, irrité.

    « -Pitch...j'aime pas leur regard...

    -Ne t'occupe pas d'eux. Contente-toi de me suivre. »

    J'allais contourner la troupe lorsque leur chef me fit face.

    « -Golonga kami gogotka ! Sortit-il avant de s'incliner. »

    Les autres aborigènes suivirent leur chef et s'inclinèrent à leur tour. Je soulevais le sourcil, intrigué par ce rituel.

    « -Je crois qu'ils te prennent pour leur dieu, souffla Tamalice.

    -Je vois ça. Enfin des gens qui m’apprécient à ma juste valeur ! »

    L'elfe frissonna en entendant mes paroles, des cœurs pleins les yeux, quand j'entendis hurler. Je dirigeais mon regard en direction du cri et vit le feu gagner la troupe d'idiots un peu plus loin. Mon champ de vision était limité, le brasier m’empêchait de voir toute la scène, je ne pouvais apercevoir que les colonnes de bois qui maintenaient Jack et une brune prisonniers. La petite blonde avait envenimé les choses plus qu'elle ne devait les atténuer. Je soupirais et contournais le chef pour me diriger vers eux. Je vis la légende tomber de son pilier, apparemment libéré par Mayumi puis la blonde voler par je ne sais quel miracle au dessus du feu. Tamalice se précipita vers son amie.

    « - Mayu, réveille-toi ! Il faut que tu voies ce que tu as fait ! Bravo ! Sacrifier son âme sœur dans le but de faire disparaître une hyène pareille, je t'adore ! »

    L'elfe secouait la jeune fille évanouie comme un pruneau. Mais sa remarque me fit sourire. Alors comme ça, Jack était toujours là dedans ? Bien, très bien même ! Cette petite citrouille gagnait de mon estime ! 

    « -il faut y aller, signalais-je. »

    Tamalice hocha de la tête et tenta de porter l'évanouie. Mais celle ci, bien que robuste, n'y parvint pas. Je savais très bien que j'allais devoir me coltiner la blonde sur le dos, mais lorsque Tamalice le compris, elle s'interposa.

    « -Ah non! Ça suffit le favoritisme! Ou on la laisse là ou tu me portes avec elle!

    -Mais tu n'as pas bientôt fini ton caprice? Nous n'avons pas le temps de discuter de choses aussi futiles. Et puis je fais ce que je veux, miss.

    -Oh si! J’ai tout mon temps! (elle s’assit sur le corps de l'endormie et croisa les bras) crois-moi, je ne partirais pas d'ici tant que je n'aurais pas ce que je veux.

    -Tu es ridicule, allez, pousse toi! (mon bras partis tout seul dans sa direction) »

    Elle esquiva mon revers et grognant tandis que le feu commençait à atteindre mes chaussures.

    « -J'ai dit, que je ne bougerais pas. »

    Je la fusillais du regard. Si la blonde n'avait pas été sous sa copine, je serais certainement parti. Mais elle était là, et sans elle, pas de pouvoir, plus de plan. Bref, je resterais toute l'éternité parmi ces imbéciles de sauvages. Ce futur là, ne m'attirant pas vraiment, je mettais ma fierté de côté et souleva l'elfe. D'un petit mouvement sec, je la calais sous mon épaule tandis qu'avec l'autre bras je plaçais la blonde sur mes épaules, comme on porte un enfant. Une grimace titillait mon visage; moi, Pitch, était désormais résolu à ce ridicule. Etais-je vraiment désespéré pour tenter quelque chose de la sorte? Il fallait croire que oui, il faut dire, je préférais largement endurer ceci quelques minutes plutôt que Jack et ces deux filles toute l'éternité. Surtout Jack. Mais maintenant qu'il n'est plus...

    Je commençais à courir en direction de la forêt, le plus loin possible du feu et des aborigènes. Redressant parfois Mayumi, toujours inconsciente, qui glissait de mes épaules le tout en bavant sur ma cape sans compter la jeune elfe aux cheveux roses qui gloussait sous mon bras. Mais c’est avant que je ne puisse soupirer d’énervement que la blonde se réveilla en sursautant.

    « -Je suis vivante ?!

    -Absolument, lâchais-je.

    -Si je pouvais, j’arrêterais le temps et repasserais en boucle ce moment, bredouilla amoureusement Tamalice. »

    La citrouille gigota pour analyser la situation. Elle jeta un coup d’œil à son amie qui gazouillait sous puis regarda en arrière.

    « Nous sommes suivis, fit-elle remarquer en voyant les sauvages à nos trousses.»

    Comme un avertissement, en entendant ces paroles, mon instinct fut en éveil et j’évitais d’un poil une flèche qui aurait dû me transpercer l’arrière de ma tête et ressortir entre mes deux yeux. Ma fuite redoubla tandis que la blonde s’agitait plus que prévu. Je grognai et jeta un coup d’œil à celle bougeait comme un asticot. Elle regardait mes cheveux…Bizarrement. Un petit hoquet sortie de sa bouche et j’avais l’intuition qu’elle pensait à quelque chose qui n’allait pas me plaire. Et sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit, de l’avertir, elle appuya sur mon crâne de toutes ses forces, me faisant rentrer la tête entre les épaules d’un craquement, le tout en gloussant fortement :

    « -Champignon ! »

    J’eu un moment de haine intense. Si j’avais eu mes pouvoirs, elle serait morte décapitée depuis longtemps. Pas qu’elle d’ailleurs, tout ce qui m’entourait même à plus de 10 mètres. Et c’est avec cette colère immense que j’attrapais une lance en plein vol alors que son but était de créer un nouvel orifice à mon corps et la renvoyait à son destinataire qui la reçu avec une certaine antipathie. Ce genre d’humour (que s’en soit ou pas d’ailleurs) ne m’avait jamais fait rire, si on mettait de coté mon caractère peut jovial et rieur, évidemment.

    Puis des bruits différents de ceux que laissaient entendre les sauvages. Un toussotement, un gémissement et une voix familière jurant. La blonde tressaillit.

    « -Jack ! Hurla-t-elle comme si elle avait été un chien de garde dans une vie antérieure. Et…Mary Sue… »

    Car oui, la personne ayant lâchée ce juron quelques secondes auparavant n’était autre que Jack Frost le miraculé, le soit disant mort d’il y a 5 minutes. Celui qui ne m’avait absolument pas manqué. D’un pas héroïque, il nous rattrapa alors qu’il était apparu soudainement d’entre des arbres, avec, dans ses bras, la jeune fille prisonnière à ses cotés quelques temps plus tôt, évanouie. Sans le vouloir, Mayumi claqua de la langue, irritée, alors que Tamalice jouissait de l’instant présent entre mon bras en soupirant d’extase. De mon côté j’aurais bien aimé achever le frizzer rescapé en bonne et due forme maintenant si je n’avais pas eu deux poids de trop sur moi. Je risquais de craquer vite si les retournements de situations s’accentuaient…

    ***

    « -Jack ! Et…Mary Sue… »

    Alors que j’avais toujours cru en sa survie depuis qu’il avait disparu dans les flammes, je regrettais un quart de seconde d’avoir tenté de le sauver en voyant la pimbêche dans ses bras. Je sentais la jalousie monter en moi et la black Mayu me chatouiller l’avant bras, m’incitant à laisser ma colère prendre le dessus. Je la chassais d’un mouvement de poignet. Quand bien même j’aurais voulu qu’elle périsse, jamais je n’aurais voulu voir Jack mourir une seconde fois, j’avais suffisamment pleuré lorsque j’avais vu sa mort dans un lac gelé, alors très peu pour moi… Black s’enfouit dans un coin de ma tête en grommelant, me laissant réfléchir à mon aise sur comment en finir avec l’abominable peste. Et si je balançais maintenant la bombe à retardement nommée Quenotte, elle irait lui crever les yeux et lui arracher mèches après mèches. Cependant je ne pouvais pas anticiper à 100% ses mouvements, elle pouvait très bien se retourner contre moi étant donné qu’elle était écrasée dans ma poche comme une vulgaire babiole. Finalement, je préférais le faire moi-même en temps voulu, de plus, je suis sûre que Tamalice consentira à m’aider !

    Nous slalomions toujours entre les arbres, nous enfonçant toujours un peu plus dans la forêt. Les aborigènes étaient plutôt bornés, ils ne nous lâchaient pas d’un poil et continuaient de nous courir après. Un silence pensant rempli de stress nous écrasait alors que la harpie se réveillait.

    « -Comment se fait-il qu’on ne m’ai pas déjà apporté mon petit déjeuné ?! Et j’exige que vous arrêtiez de faire trembler mon lit, bande de serviteurs inutiles, serait-ce un acte de rébellion ?! »

    Elle ouvrit les yeux et regarda, horrifiée, son entourage.

    « -Je n’arrive pas à croire que la première chose que je vois en me réveillant est le pet de moule et la loutre analphabète.

    -Elle a toujours le mot pour faire rire la putassière, répliqua Tamalice en ricanant. 

    -Et c’est le ramassis de chiure de moineau qui dit ça !

    -Moule à gaufres !

    -Globicéphale !

    -Manche à couilles !

    -Pouffiasse ! »

    La veine du front de Tama tapait et elle me fusilla du regard. Je tressaillis.

    « -Mayu, dis quelque chose bon sang, elle t’a insulté aussi!

    -Euh…Je…Mais je… »

    Elle me regardait avec insistance tandis que Mary sue en rajoutait une couche derrière :

    « -Loutre analphabète était vraiment approprié, elle n’est même pas capable de se défendre en trouvant une insulte digne de ce nom.

    -…Je…Tu…Tu n’es qu’un...Un gros caca poilu !

    -…

    -… »

    Les deux filles me regardèrent à la fois avec pitié et désespoir. Ce fut la seule fois où elles furent d’accord sur un point. Les garçons quant à eux continuaient de courir et étaient un peu affligés que de telles inepties sortent de notre bouche à notre âge. Mal à l’aise de toute cette tension, je sentais qu’il était temps de descendre des épaules de Pitch, de plus ses mouvements se faisaient de plus en plus lents. D’un bond, j’atterrie sur le sol maladroitement et me mis à courir. Pitch n’ayant plus aucune raison de porter mon amie la lâcha, la laissant se rattraper tant bien que mal à moi. La course continuait à travers les broussailles et nous nous demandions tous quand allaient-ils abandonner.

    Ce fut à cet instant que Tamalice, qui avait pris de l’avance sur tout le monde, percuta violement quelque chose. La bête en question était sortie de nulle part, ne laissant pas une chance à l’elfe de l’éviter. Cette chose était une jeune fille, mi-chat, mi-humaine, la peau mate et les cheveux en broussailles, elle avait la bouche en 3. Ses mains étaient remplacées par des pattes de chat et ses pieds étaient, me semble t-il, pareils. Son regard félin reflétait la peur. Derrière elle, on entendait du remue-ménage, une bête plus grosse qu’un arbre la poursuivait, un rhinocéros bleu à six pattes que l’on pourrait trouver sur une planète dont le nom est assez proche de la première femme antique. Cette monstruosité piétinait tout sur son passage et n’hésiterait pas à nous réduire en bouillis si les sauvages ne le faisaient pas à sa place avant. Et c’est ainsi qu’avec un simple regard, les deux filles se mirent d’accord et partir à l’opposé des menaces. Nous les suivions avec hâte, désormais nous n’avions non pas un danger mais deux aux fesses.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique