• Chapitre 3

    chapitre 3

    réveil brutal

     

    Je me réveilla en sursaut. Quelle heure était-il ? Depuis quand dormais-je ? Que m'étais t-il arrivée ? Couchée sur mon lit, nettoyée et habillée, j'étais redevenue la petite fille à froufrou. Éternuant, une plume d'oie de mon oreiller coincée dans la narine, je m'assis sur le rebord du matelas. Une petite douleur au bras me pinçait lorsque je m'appuyais contre l'édredon. Ah oui, le plateau, Paul, la cave. Il était entouré de bandages beaucoup trop serrés à mon goût. Même chose pour ma tête. Entourée du front jusqu'à derrière, j'avais l'air d'une rescapée de la guerre. Mon regard s'égarait devant l 'étendue de la pièce, qui faisait au moins 10 lits en largeur. Avant, je trouvais que ma chambre était magnifique, rose pleine de dentelle par-ci, par-là, pleine de nounours parfaitement peignés, un superbe lit de princesse en baldaquin. J'y serais restée toute la journée. Maintenant, la seule chose qui m’obnubilais était Paul. Je venais à peine de le rencontrer qu'il me fascinait déjà. Je sortie en trombe après avoir jeté un coup d’œil à mon réveil. Dimanche 27 août, 9h30. Autrement dit, j'avais dormis 2 jours. Mon dieu, Paul ! Je rentra dans le salon, après avoir perdue trois fois mes ballerines. Mme, assise dans un fauteuil, sirotant un thé au jasmin, me souris.

    -ah, te voilà enfin réveillé ma chérie ! Je me suis faite tellement du soucis, me raconta t-elle sans bouger de son siège, j'ai été très ennuyée depuis que tu étais inconsciente. J'ai du apporter les repas à ton frère tout le temps ! Et qu'est ce qu'il criait. Doux Jésus, que des insultes à mon égard.

    -bonjour, Madame ma Mère.

    -j'ai quelques corvées a te faire faire, si tu n'en vois pas d'inconvénient. Va apporter ce plateau au sauvage en bas et reviens quand tu auras fini, ton cour de chant commence dans une demi heure. Voici la clé pour ouvrir la porte, ajouta t-elle en pointant la table du menton.

    -bien sur, répondis-je en cachant comme je pouvais ma joie.

    Je pris la clé, le plat et descendis. Depuis la fenêtre de la porte, sur la pointe des pieds, je pouvais l’apercevoir, la tête penchée vers le bas, le visage caché par ces cheveux, les jambes étendues, les bras en arrière toujours attachés par les chaînes et portant les même vêtements depuis notre rencontre. Il avait l'air plutôt sombre. Une pile de plateau jonchait à côté de lui, chacun encore plein.

    -coucou, émie-je doucement.

    Il se redressa brusquement. Il me fixa un moment et me sourit, des larmes coulaient le long de ces joues. Affolée, je posa le plateau devant lui et m'accroupis.

    -qu'y a t-il ? Tu as mal quelque part ?

    -non, je-je suis tellement content que tu ailles bien, riait-il.

    -il faut pas pleurer pour moi, tu sais, chuchotai-je en lui essuyant ses gouttes d'un revers de manche, tient, je t'ai apporté de quoi manger. Tu dois te nourrir correctement, ou tu vas mourir.

    -oui, oui, princesse. Tu peux me le rapprocher ? J'ai du mal à l'atteindre avec ces chaînes ,vois tu.

    Il tapota sa cuisse droite, signe qu'il voulait que je m'assois. Rampant vers lui telle une limace, je posa mon postérieur dessus et lui donna le plateau.

    -pourquoi tu n'as pas manger ?

    -de la nourriture de la vieille ? Alors ça, jamais ! Je préfère que tu m'apporte mon repas. Au moins je suis sur qu'il n'est pas empoisonné.

    -pas d'inquiétude, elle ne m'a encore jamais intoxiqué, lui affirmais-je des étoiles pleins les yeux.

    -tu ne devrais pas être fière d'une chose pareil, dit-il d'un air sérieux.

    Je riais. Un petit bruit joyeux, une pointe de gaîté. L'impossible devenait possible, dans cet univers cruel dans lequel j'avais déjà passé 4 ans de ma vie. J'avais oublié depuis le son de mon hilarité, que je pouvais entendre à longueur de journée, autrefois. Des souvenirs que j'avais tant essayé d'enfouir au plus profond de moi, revenaient au galop. Ma mère et ses cookies aussi bons que son amour, mon père et son drôle de sens de l'humour, tout m'avait été retiré en quelques secondes. Un tournant trop glissant, une pluie abondante, un fossé, et bien sur la seule qui se retrouva éjectée de la calèche ce fut moi. La petite miraculée retrouvée dans un buisson. Des larmes se mirent à couler le long de mes joues rosies.

    -Tout va bien ?

    Je revins à moi d'un sursaut et lui souris.

    -Oui ! Murmurais-je en m'essuyant les yeux.

    Il me regarda d'un air peu convaincu.

    -Je vais devoir y aller, je risque de t'attirer les foudres de madame Duchamps si je suis en retard à mon cours.

    -Vas-y, de toute façon, je ne vais nulle part, ironisa-t-il.

    Je lui souris tristement et sortis en pensant à bien refermer la porte derrière moi.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :